Le tétramorphe

Sainte-Trophime d'Arles

Le changement dans la représentation des Vivants

« Dans le midi de la France à Arles, en 1190, la formulation iconographique chartraine reçoit une nouvelle déclinaison. La ressemblance est impressionnante mais le style n'est pas à la hauteur. « On retrouve à Arles, sous un aspect métallique, le beau Christ de Chartres… tout ce qui est jeune, vivant, fluide à Chartres, apparaît vieilli, pétrifié à Arles », dit Émile Mâle dans son livre, L’art religieux du 12e siècle en France, Armand Colin, Paris, 1966, p. 384. Un changement se prépare. Les vivants se montrent tous les quatre en position centripète. L'élégante volute du cou qui les faisait se retourner en arrière a disparu. Les vivants, taillés dans un style naturalisant sont orientés vers le Christ. Auparavant, ils jaillissaient du Christ pour irradier sa grâce dans le monde, là, ils se figent, se cantonnant à adorer, en omettant de transmettre. Les artistes de la fin du 12e siècle commencent à oublier la vocation première des vivants, qui est de servir de lien entre Dieu et les hommes. S’ils demeurent les adorateurs du monde divin, ils n’en sont plus ses messagers. Tournés vers le Christ, ils l’enferment sur Lui-même. Celui-ci semble alors lointain, perdant le contact avec la création. »
Page 279 du livre Les Quatre Vivants de Philippe Péneaud, L'Harmattan.
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Le tétramorphe de Sainte-Trophime d'Arles
Le tétramorphe de Sainte-Trophime d'Arles